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6 idées pour commencer son collectif sur de bonnes bases relationnelles

Dernière mise à jour : 3 nov. 2020



commencer collectif relations dimension humaine

Avec le confinement, des petites communautés de vie spontanées se créent, on se regroupe pour vivre cette période ensemble, et si possible à la campagne ! Sur Facebook, j’ai été très touchée de voir l’élan de solidarité de personnes qui ont de la place sur leur terrain pour accueillir des camions aménagés ou des campings car, ou qui ont des chambres et les mettent à disposition de personnes qui voudraient venir passer le confinement dans un chouette environnement. 

Waw, merci confinement pour ces nouvelles rencontres, expériences, et de donner l’occasion d’ouvrir notre coeur et nos maisons aux autres !


Alors de nouvelles petites tribus apparaissent un peu partout en France et j’ai l’élan d’écrire cet article pour donner quelques conseils pour commencer sa tribu du bon pied sur le plan relationnel.

Parce que les élans du coeur peuvent parfois tourner au cauchemar si quelques ingrédients ne sont pas présents. 


1/ Clarifier les "pourquoi" individuels et les partager

Quelles sont les attentes de chacune et chacun par rapport à cette vie collective ? Pourquoi est-ce qu’on choisit de vivre ensemble ? 

clarifier les attentes individuelles dans un groupe

Est-ce que je viens pour rencontrer, échanger, participer, travailler ? Est-ce que j’ai ouvert ma maison parce que j’ai le projet de rénover une grange mais toute seule c’est impossible ? Est-ce que j’ai envie de vivre des moments de convivialité, de partager les repas, ou j’ai besoin de préserver au maximum mon intimité ? 

Moi qui ai ouvert ma maison, quelles sont mes conditions pour cet accueil ? Est-ce que je demande en échange un peu d’argent, une participation à l’entretien de la maison, du jardin, ou bien rien du tout ?

Moi qui viens, est-ce que j’ai besoin d’espace, il ne faut surtout pas me parler le matin, je ne supporte pas tel produit ménager ou les ondes électromagnétiques ou j’ai besoin absolument d’une demi journée pour bosser ou m’occuper de mes enfants de mon coté ?


Dans le meilleur des cas, tout ça a pu être clarifié avant, mais bien souvent, avec la précipitation, il reste certaines choses qui n’ont pas été dites. 


Ici, il me paraît aussi important de distinguer 2 types d’attentes vis à vis du collectif. 

Il y a ce que consciemment on a envie de construire avec les autres : par exemple je sais que je viens dans ce collectif car je veux expérimenter une autre manière de vivre ensemble, que je suis passionné de permaculture et j’aimerais le vivre à fond avec d’autres. 

Et puis on a tous des attentes parfois plus inconscientes, qui n’appartiennent qu’à moi : je viens dans ce collectif parce que j’ai peur d’être toute seule, parce que je veux faire enrager mes parents, parce que j’espère que des gens vont rester vivre avec moi après le confinement et créer une communauté parce que je n’arrive pas à entretenir toute seule cette grande maison et ce terrain géant. 

D’un côté, il y a ce qui vient au centre, avec le 1er type d’attentes, on peut créer une finalité commune. De l’autre côté, il y a tout ce qui relève de moi et que je n’ai pas à faire peser sur le groupe.

Si je viens en collectif parce que j’ai peur d’être toute seule, c’est important de le reconnaître, d’en avoir conscience, mais c’est pas ça qui doit guider nos décisions collectives...

Mon conseil pratique : un tour de parole où chacun exprime ses attentes persos, en essayant de distinguer ce qu’il a envie de mettre au centre, et ce qui relève de sa responsabilité et de ce qu’il va travailler en vivant en collectif. 



2/ Explorer le pourquoi du groupe

explorer la raison d'être du groupe

Il y a d’un côté nos pourquois individuels, pourquoi je m’investis dans ce lieu pour ce temps. 

Et de l’autre côté, il y a cette nouvelle entité qui naît, ce groupe, à l’Arche de Saint-Antoine, on parle de la “personne communautaire”, l’entité groupe, le truc qui existe entre nous et qui est beaucoup plus que la somme des parties. 

Ce groupe aussi a un pourquoi, une raison d’exister, une mission, qui émerge de la présence de tous les individus. 

Cette raison d’être du groupe, elle émerge subtilement, sa couleur se découvre au fur et à mesure de la vie en commun. Et si on souhaite que cette vie en commun soit davantage qu’une collocation, rester ouvert à découvrir cette raison d’être collective est primordial. 

Comment la découvrir ? Des temps de visualisation, de méditation, des échanges profonds et authentiques sur le sens de notre vie en commun et les aspirations que l’on sent venir du groupe, des moments sensoriels, l’intuition...

Cette raison d’être collective est comme la terre qui lie la paille pour faire une maison, et permet aux pailles d’être utiles, et de trouver leur place, et fait qu’à plusieurs on construit quelque chose de plus grand, et qu’on trouve un sens qui nous dépasse à être ici.


3/ Communiquer, communiquer, communiquer

importance communication dans un groupe

Bien évidemment, parler, communiquer, prévoir des espaces de partages pour s’offrir et se découvrir les uns les autres, approfondir l’interconnaissance et la confiance.

Et surtout en cas d’inconfort, de malaise, ne pas attendre, ne pas laisser pourrir les choses, mais ouvrir un espace, à deux ou tous ensemble, pour que les difficultés puissent se déposer, s’apaiser, se dénouer, être traversées. 


4/ Se mettre d’accord sur des règles du jeu et laisser du flou flou

collectif règles structure flou

Pour jouer ensemble, on a besoin de règles, elles nous ouvrent un espace de jeu et de créativité. De la même manière, pour se lancer dans une aventure collective, on a besoin de se mettre d’accord sur quelques règles de fonctionnement de base. 


Et là, l’idée, ça n’est pas d’aller dans la démesure législative,

mais bien de faire des règles adaptées aux besoins des individus et du groupe. Bref, pas la peine d’imaginer tous les scénarios possibles, mais d’abord se concentrer sur moi vis à vis du groupe : de quoi j’ai besoin pour que ca fonctionne. Être dans le concret, le pas après pas. Pas la peine de tout consigner par écrit. 

Dans certains groupes, chaque année, la règle est revue, et ce qui est passée dans les moeurs, ce qui est maintenant une évidence pour tout le monde et fait partie de la culture commune, est enlevée. Cela permet de garder une règle fluide, légère, facile à lire et à intégrer. Et psychologiquement de se sentir vivre dans un monde avec quelques règles, pas une encyclopédie de 1500 pages de règles. 


Alors commencez avec des choses simples :

  • quelles sont les valeurs de base qui vont guider nos décisions ? 

  • quelles règles de fonctionnement des espaces ? 

  • comment nous allons répondre à nos besoins de base ? 

  • à quel type de relations entre nous nous aspirons ? 

Ca peut être tout bête, comme j’ai besoin que les animaux restent à l’extérieur car je suis allergique au poils de chat/chien/lama, ou bien tout simplement se répartir les tâches pour l’entretien de la maison. 

Et ici, on peut se rendre compte qu’il y a certaines personnes qui ont besoin de clarifier beaucoup de choses, et d’autres qui ont besoin de plus de spontanéité. 

Il n’y a peut-être pas un choix à faire, et l’opposition frontale : “non moi j’ai besoin de liberté !” versus “non mais moi j’ai besoin d’être sûre que quelqu’un va faire la vaisselle”, ca peut se traverser en cherchant quelque chose qui apaise les besoins de chacun, une fois qu’on aura pris le temps de les exprimer en profondeur. Par exemple, je me sens encore libre si au début de la semaine je décide quel jour je vais faire la vaisselle, et je m’inscris librement sur un tableau. Et moi je suis sûre que quelqu’un va faire la vaisselle si je vois que le tableau pour la semaine est rempli le lundi soir. 

Quand on se trouve face à une situation où ca semble être un point de vue contre l’autre et qu’on a la sensation que l’un doit gagner et l’autre va perdre, c’est souvent une invitation à s'arrêter, respirer et se rappeler qu’on veut vivre ensemble, donc que tout le monde doit gagner, rester debout et être respecté, sinon, ca ne fonctionne pas. Parfois, il faut prendre un peu de temps pour trouver la solution qui convient à chacune et chacun. 

Attention, si on va vivre en collectif, c’est souvent pour éviter les dominations systémiques de notre société. Si c’est pour ériger nos règles en totem sacré et dictatorial, on repart à zéro !

Chez les Indiens Hopis, dans la tribu, il y a toujours quelqu’un qui ne suit pas les règles, il est là pour montrer que la règle est relative et au service de l’humain, et pas l’inverse ! Nos règles sont là pour nourrir la vie et l’humain, si à un moment elles ne sont plus justes, elles ne sont pas gravées dans le marbre, et elles peuvent être re-discutées ou adaptées à une nouvelle situation. 

D’autre part, si on clarifie tout, on se retrouve dans une structure figée, comme un cristal, qui ne respire plus, ne vit plus, et si on laisse tout flou, comme de la fumée, les individus ont parfois du mal à se positionner, se sentir en sécurité, trouver leur place et donner le meilleur d’eux-mêmes. On parle de la danse entre le cristal et la fumée, de trouver des aller-retour, de laisser du flou à certains endroits, et mettre de la clarté cristalline à d’autres endroits.

Je pense notamment à deux endroits qui me semblent importants de clarifier. 



5/ Clarifier les différents statuts

écolieu woofing statuts injustices inégalités

De fait, il y a souvent différents statuts dans une vie collective, entre les propriétaires du lieu, les gens qui sont là depuis longtemps, ou pour longtemps, et ceux qui sont de passage, bénévoles ou woofers.

Ces statuts impliquent des droits et des devoirs différents (et des conditions de vie différentes : des conditions de logements, des responsabilités économiques différentes), et je crois que mettre de la lumière dessus peut grandement faciliter les choses.

Là encore, clarifier ce qui se joue, et que certaines décisions sont à prendre tous ensemble mais d’autres relèvent uniquement de ceux qui restent sur le long terme est souvent salutaire.



6/ Qui rentre qui sort, et comment ?

collectif intégration nouveaux exclusion

Si jamais vous ne choisissez qu’une seule règle à vous fixer, c’est de clarifier comment on peut intégrer la tribu et comment on la quitte. 

Alors quand on parle de comment on rentre, c’est souvent plus facile : quels sont les critères et les étapes pour venir passer un temps avec nous. Mais quand on parle de départ, clarifier comment l’aventure se clôture, c’est souvent moins facile. 

Pourtant, il y a et il y aura toujours des départs, des erreurs de castings, ou des difficultés qui amènent à ce que nos chemins se séparent. Et c’est sain. Un collectif dont on ne peut pas partir, c’est une secte ! Donc les départs font partie de la vie, et ils sont un moment important d’une vie de groupe, ils peuvent marquer, blesser les individus et le groupe. C’est pourquoi il est crucial de soigner ces moments, avant même qu’ils n’arrivent. 
  • Envisager le cas où une personne souhaite partir, est-ce qu’on lui demande d’en parler au groupe, de laisser au groupe le temps éventuellement de s’ajuster, de trouver des solutions pour que ca marche, puis si ca ne marche pas, de donner une sorte de “préavis”, pour que les choses se passent sereinement et pas se retrouver face à une porte claquée sans un mot ? 

  • Envisager aussi le cas où c’est le groupe qui demande à une personne de partir, est-ce qu’une personne prend le temps d’abord de parler avec cette personne pour lui exprimer les difficultés dans le vivre ensemble, et lui dire ce qui pose vraiment problème, et envisager ensemble des solutions. Puis passer à une deuxième étape où, s’il  n’y a pas eu de changement, on envisage là aussi un préavis, et on demande à la personne de partir d’ici tant de jours/semaines, pour lui laisser à elle aussi le temps d’intégrer et se retourner.  

Et puis on peut aussi imaginer faire un apéro pour le départ de cette personne, même si nos chemins divergent, on a partagé un bon temps ensemble et autant le célébrer avant de se quitter ! 

Quel que soit le processus que vous choisissez, je vous conseille qu’il soit clair et communiqué à tout le monde. 




Bon, et si, avec tout ça, ça ne va toujours pas, n’hésitez pas à nous appeler ! C’est notre job d’accompagner des gens qui essaient de vivre ensemble à prendre soin de leurs relations, et on a une expérience cumulée de 26 ans de vie en collectif (à la communauté de l’Arche de Saint-Antoine), bref, on sait de quoi on parle : centre-tenir.fr !

Et n’oubliez pas, pour vivre heureux, vivons ensemble !









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