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J’ai des jugements sur quelqu’un de mon collectif, est-ce que j’en parle ou pas ?


On entend souvent dire que l’autre est un miroir. L’autre est un enseignant. L’autre, c’est-à-dire surtout celui ou celle qui m’agace. ...


C’est bien beau, mais quand je suis en colère contre quelqu’un qui me tape sur le système, qu’on vient de vivre une énième réunion ensemble où il/elle a encore été insupportable, ça ne m’aide pas qu’on me dise “oui mais l’autre est un miroir” !


Dans la vie en collectif, je crois qu’on a besoin à un moment de pouvoir laisser sortir ses chacals.


Sauf que, si je les laisse sortir avec n’importe qui et n’importe comment, je risque fort de dire des choses que je vais regretter et qui vont nuire au groupe.


Alors qu'est-ce que je fais ?


1/ Le danger de partager ses chacals avec le groupe


En effet, avec le biais de confirmation (on en a parlé dans cet article), si je commence à dire “Jean-Louis est vraiment complètement égocentrique, il ne pense qu’à lui tout le temps” à d’autres personnes du collectif, il va se passer deux choses.


D’une part, du fait du biais de confirmation, je vais inconsciemment en parler sûrement surtout aux personnes qui seront globalement d’accord avec moi.


Je ne vais pas aller dire ça aux personnes du collectif qui sont proches, ami-e-s, de Jean-Louis.


Donc je vais me confirmer ma croyance sur Jean-Louis, alors que c’est juste que j’ai choisi de parler à certaines personnes et pas d’autres !


D’autre part, je vais alimenter chez ces personnes et chez moi une étiquette qu’on va donc coller sur la tête de Jean-Louis (égocentrique par exemple), et ensuite, les autres aussi souffriront du biais de confirmation et entendront dans les paroles de Jean-Louis en priorité ce qui leur confirme qu’il est égocentrique.


Encore une fois, je rappelle que c’est normal, ni bien, ni mal, notre cerveau ne peut pas enregistrer tout ce que dit Jean-Louis en l'occurrence, il doit donc faire des choix dans toutes ses prises de parole, et tout ce qu’il dit, et il va donc faire le choix de retenir ce qui lui confirme ses croyances pré-existantes.


C’est ainsi que les rumeurs enflent, que les comportements de l’un-e ou de l’autre sont stigmatisé-e-s.



Donc attention à la contagion des jugements négatifs sur les autres, qui les limitent, et m'empêchent de les entendre réellement, de se laisser surprendre par l'autre personne.


2/ Le danger de la dictature de la bienveillance et de garder ses jugements à l'intérieur


Cependant, si je garde tous mes chacals à l’intérieur en train d’aboyer à la mort, il se peut que cela devienne douloureux pour moi.


Parfois, j'aime rire de moi et de mon "juge bulgare".


Vous le connaissez le juge bulgare ?


Quand j'étais petite et que je regardais les compétitions de patinage artistique, au moment des notes, chaque juge donne sa note, et ça donne "4.7, 4.8, 4.6, 4.7" et là, d'un coup, y'a un juge qui dit "3.2".


Et dans mes souvenirs de petite fille, on riait avec ma mère, on s'indignait, c'était le juge bulgare, le plus sévère de tous, le plus intransigeant, qui ne laisse passer aucune erreur, qui est hyper exigeant.


Eh bien, souvent, dans ma tête, je l'entends, mon juge bulgare intérieur, qui juge chaque micro erreur de chacun-e (ou de mon bouc émissaire préféré), qui ne laisse rien passé d'une formulation maladroite ou d'une moue un peu ambigüe.

Donc, avec discernement, il peut être utile de faire sortir ses chacals avec une personne de confiance (dedans ou dehors du collectif).


Avant de lui partager mes chacals, je peux éventuellement faire une petite introduction du genre : “j’ai besoin de faire sortir tous mes jugements pour qu’ils arrêtent de prendre toute la place à l’intérieur, est-ce que tu veux bien m’écouter sans tirer de conclusion ni sur l’autre personne, ni sur moi. Je sors mes jugements, et peut-être qu’une fois sortis, ils auront disparu, qui sait ?”


L'idée c'est de sortir ses chacals, pour qu'ils arrêtent de prendre toute la place dans mon cerveau, mais pas pour me conforter dans ma position de victime, mais pour les reconnaitre, comme une première étape.


Je peux partager mes chacals aux autres, si possible en leur partageant que je suis en chemin pour traverser les choses avec cette personne qui m'agace et que c'est une première étape que d'en parler, pour aider à mettre les choses au clair !


La semaine prochaine, on parlera de comment accueillir les chacals de quelqu'un d'autre de votre collectif : que fait quand quelqu'un vient auprès de vous pour se plaindre ou médire d'une autre personne du collectif...
D'ici là tout de bon à chacun-e et à vos collectifs !

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