Dans le monde spirituel, on parle beaucoup des bienfaits de la méditation, et beaucoup de textes spirituels invitent à trouver la paix au plus vite quand on a un conflit avec quelqu'un, en se détachant de la situation, en allant dans la position de l'observateur qui accueille tout et qui aime tout.
Dans notre travail avec les groupes, nous avons pu voir combien parfois, la spiritualité est utilisée comme prétexte par l'ego pour ne pas aller traverser les conflits.
Certain-e-s vont dire par exemple "non mais si je me détache de l'égo, je suis en paix, même avec cette personne qui m'agace".
Notre position sur cette question, c'est que le travail (spirituel même) qui est nécessaire ici, n'est pas un travail de détachement, mais un travail d'intégration.
Le détachement ne peut venir qu'après l'intégration.
Sinon, on met des jolis pansements sur des fractures ouvertes, et on boîte en souriant.
1/ Comment notre ombre se cache
Le travail sur l'ombre et le processus 3-2-1 que nous vous avons présenté dans cet article repose sur l’idée que nous rejetons à l’extérieur de nous des parties de nous qui nous sont insupportables.
Il y a quelque chose à l’intérieur de nous que nous ne souhaitons pas voir, pas intégrer, pas accueillir, qui nous semble mal, mauvais.
Il y a quelque chose en nous qu’on considère comme une menace, donc on refuse de le voir en nous, et on le rejette.
En le rejetant, souvent, on le projette à l'extérieur.
On le voit pas du tout chez nous, mais on le voit très très bien chez les autres !
C'est comme si c'était une partie de nous qui avait besoin d'attention, et qui du coup, cherchait tous les moyens possibles de se faire entendre, donc dès qu'elle se voit chez un autre, elle nous fait réagir. Colère, agacement, indignation viennent souvent de là.
Au lieu d’aller voir cette partie et de lui donner une place reconnue et mesurée à l’intérieur de nous (oui, l’égocentrisme par exemple, c’est un problème quand on lui laisse toute la place, ou quand on ne le reconnait pas et qu’il agit de manière détournée, manipulatoire, mais c’est aussi un élan sain de prendre soin de soi), on préfère le placer à l’extérieur de nous, le voir chez les autres, et pouvoir ainsi le critiquer à haute et forte voix (pour être sur qu’on ne voit pas que moi aussi, j’ai cette partie en moi), et laisser la partie en moi qui fait la même chose agir en sous-main, dans l’ombre.
2/ Se détacher ou ré-intégrer ?
A ce moment là, méditer sur la situation n’aidera pas.
En effet, dans la majorité des formes de méditation, on essaie de voir les choses passer sans s’y attacher. Or la question ici, c’est justement comment se ré-identifier, pour ramener à l’intérieur de nous des parties exilées.
Ces parties exilées ne sont pas disparues, pas détruites, mais bien au contraire, elles nous manipulent depuis l’ombre.
La solution n’est pas de se dés-identifier, mais de se les réapproprier.
La dés-identification avec notre expérience (comme préconisée dans la méditation) ne peut arriver que dans un second temps, une fois qu’on s'est réapproprié nos parts d'ombre.
Et vous, ça vous parle de voir les autres comme des miroirs de parties de nous exilées ? Vous avez envie d'en parler ? Envoyez nous un message à centre.tenir@gmail.com !
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